La mare peut avoir de nombreux usages. Qu’elle soit pour l’ornement du fond du jardin, l’abreuvoir du troupeau ou un espace de loisirs dans une commune et de pédagogie pour une école, elle peut et doit également être un lieu d’accueil de la biodiversité. Voici quelques grands principes à respecter pour réussir un projet.

La réglementation sur l’eau peut intervenir à chacune des étapes décrites ci-dessous. La réglementation relative au risque inondation peut interdire la création de tout plan d’eau quelle qu'en soit sa taille. Rapprochez-vous de votre mairie ou de structures spécialisées pour vérifier que votre projet respecte bien la réglementation en cours.

Première étape du projet : la définition de l’emplacement de la mare


Celui-ci dépend en partie du mode d’alimentation en eau :
  • eau de ruissellement : la mare doit être sur un point bas de la parcelle


  • eau de dérivation de gouttière ou de voirie : positionnement à proximité d’une source d’alimentation (attention : -50m des bâtiments en Picardie et -35m au Nord-Pas-de-Calais)


  • alimentation par la nappe : sur un point bas pour éviter d’avoir à trop creuser

D’autres contraintes peuvent influer sur le choix de l’emplacement tel que la proximité de la route, la distance à un cours d’eau… (Attention : l’alimentation en eau d’une mare par dérivation d’un cours d’eau ou d’une source est strictement réglementée. Consultez les services de la Direction Départementale Territoires ou des structures compétentes).

Dimension et forme de la mare


La taille des plans d’eau dépend généralement de l’usage que l’on souhaite en faire. Ainsi, les plans d’eau pour la pêche sont souvent de taille bien plus importante que les bassins d’agrément.

Quelques mètres carrés suffisent à accueillir une faune et une flore diversifiée et souvent rare. Dans ce cadre, il vaut mieux créer plusieurs petites mares qu’un grand plan d’eau. En effet, pour une même surface en eau, le linéaire de berge sera plus important.

Cependant si le projet est de créer un plan d’eau dépassant les 1 000 m² des démarches auprès de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) doivent être entreprises. D’autres réglementations concernant la nature du sol peuvent entrer en ligne de compte et venir baisser ce seuil de déclaration auprès des services de l’Etat.

La forme de la mare est liée à sa surface. Il est conseillé de privilégier des formes complexes au simple rectangle, ce qui est difficile à faire sur une mare de quelques mètres carrés. Autant que possible, privilégiez la forme en « haricot » en en « huit » qui permettent pour une même surface en eau d’augmenter le linéaire de berge et donc les capacités d’accueil pour la faune et la flore.

Formes simples

à éviter, sauf cas particulier

Formes complexes

à favoriser (donner au moins une forme de haricot ou de 8)







Profondeur et profil de la mare


La mare se définit classiquement comme une surface en eau ne dépassant pas les 2 mètres de profondeur. En effet, sur les 2 premiers mètres de profondeur, on considère que les conditions pour la faune et la flore sont les mêmes et donc qu’on a à faire à un écosystème homogène. Il s’agit essentiellement d’une question de pénétration de la lumière et indirectement de température de l’eau. Au-delà des 2 mètres, les rayons du soleil ne pénètrent pas en quantité suffisante pour permettre la photosynthèse et donc le développement de la flore.

Ainsi, il est conseillé de ne pas dépasser ces 2 mètres de profondeur d’autant plus qu’une trentaine de centimètres de profondeur suffisent à accueillir une faune et une flore diversifiée.

La profondeur de la dépression est également liée au type et à l’abondance de l’alimentation en eau. Cependant, une période d’assec estival n’est pas forcément une catastrophe car la faune a eu le temps de se reproduire et que la plupart des espèces peuvent se déplacer hors de l’eau. Les mares temporaires ont également un intérêt écologique.

Le profil de la mare peut notamment aider à passer les périodes de faible alimentation en eau. Ainsi, plutôt que de créer une dépression régulière et si la surface de votre mare est suffisante, privilégiez l’aménagement en plusieurs paliers. Cela vous permettra d’aménager un espace plus profond qui conservera de l’eau toute l’année. De plus, la variété des profondeurs en eau permettra l’établissement d’une biodiversité plus importante puisqu’à chaque palier correspondront des conditions écologiques différentes et donc des espèces différentes.

Linéaire de pente douce

<25%                   


25 à 30%             


30 à 50%            


50% minimum      

Diversifier les niveaux de profondeur










Limiter la profondeur

> 200cm     

120 - 200cm

80 - 120cm

80 - 60cm

< 50cm     

Bâche ou pas Bâche ?


Pour éviter l’assèchement, il peut être tentant de sécuriser l’étanchéité de la mare en posant une bâche plastique sur le fond. Cette installation doit cependant constituer le dernier recourt puisqu’elle contribue à l’artificialisation du milieu en déconnectant la masse d’eau du substrat et en empêchant l’installation naturelle de la flore

Un premier test d’étanchéité de votre mare peut être fait en réalisant un sondage du sol à la bêche. Il est possible de rechercher la présence d’argile ou de réaliser un test d’infiltration de l’eau dans le sol pour identifier sa perméabilité :

  • creuser un trou, le remplir d'eau jusqu'à ras bord, tôt le matin, puis mesurer le niveau d'eau versé
  • le soir, vérifier la différence de niveau d'eau
  • si niveau similaire ou faiblement diminué, terrain favorable à la création d'un plan d'eau
  • si niveau bas ou eau entièrement infiltrée, remplir de nouveau et couvrir le trou de planches ou de branches feuillues
  • si le lendemain matin l'eau s'est maintenue, le terrain est favorable à la création d'un plan d'eau
  • si le lendemain matin l'eau s'est infiltrée presque totalement, le terrain n'est pas favorable à la création d'un plan d'eau, il est nécessaire de réaliser une mare artificielle.

Aménagement et valorisation


On privilégiera une installation naturelle et spontanée de la végétation et on évitera le plus possible le recours à des espèces exotiques qui peuvent proliférer

En ce qui concerne la faune, elle s’installera vite sur le plan d’eau si les quelques conseils ci-dessus sont respectés. 
La réglementation interdit toute capture ou déplacement d’amphibiens ou de leurs pontes, ces espèces étant protégées

Enfin, les aménagements « en dur » (ponton, passerelle, place de pêche et cabanons) sont liés à l’utilisation de la mare. Il est conseillé de limiter ces aménagements au strict nécessaire pour favoriser l’accueil de la biodiversité

Sur des plans d’eau de taille plus importante, une sectorisation de l’activité peut être envisagée pour aménager une partie du linéaire mais également conserver un espace de quiétude et d’expression plus spontanée de la faune et de la flore

Toute forme de valorisation peut être imaginée, par la pose d'outils tels que des panneaux, ou l'organisation d'événementiels autour de la mare

Des idées d'aménagement et de valorisation sont présentes dans la partie "Outils de décisions" :