Au détour d’un chemin dans la forêt, la mare se fait vite remarquer. Cet oasis sylvicole regorge de vie, de part la lumière qu’elle laisse passer et l’eau qui la compose. Ce type de milieu présente un écosystème unique qui nécessite un entretien tout particulier.

Faune et flore spécifique



Certaines espèces sont inféodées aux forêts humides, mais la plupart sont capables de s’adapter à toutes zones humides avec un minimum d’arbres. 
Les mares forestières n'accueillent généralement pas une grande variété de végétaux, hormis les arbres qui l’entourent. Aulne, Saule, Chêne et Bouleau sont les quatre essences d’arbres les plus fréquentes. En effet, ces arbres prenant presque toute la lumière, il est difficile pour d’autres espèces de se développer. A cela s’ajoute une épaisse couche d’humus sur le sol qui empêche les strates végétales basses de pousser correctement.
Dans le cas où une mare profite d’un minimum de soleil, on trouvera des typhas et des carex qui apprécient cette ambiance forestière. Une mégaphorbiaie, ensemble de plusieurs végétaux monocotyledons (carex, épilobes, phragmites, etc.) poussant sur une grande surface, peut se développer sur les mares d’une large surface. 
Ces différentes strates végétales permettent l’accueil d’animaux appréciant la fraîcheur et l’ombre. Parmi elles, de nombreux amphibiens comme la Grenouille agile, la Salamandre tachetée ou encore le Sonneur à ventre jaune. Ces trois espèces, comme la plupart des amphibiens, vivent une bonne partie de leur vie hors de l’eau. Ils ne visitent la mare que pendant la reproduction et le premier stade de vie. 
Quelques espèces d’odonates vivent préférablement en milieu forestier, autour de la mare, comme la Leucorrhine à large queue ou l’Agrion nain.
Ces amphibiens et odonates vont pouvoir se nourrir de nombreux insectes appréciant le bois mort se dégradant dans l’eau, la couche de feuilles humides ou tout simplement la vie aquatique en forêt.

Caractéristiques générales


La mare forestière a tout d’une mare sur le plan physique : un plan d’eau de moins de 2 m de profondeur, dont les berges sont souvent en pente douce. Par contre, la présence souvent totale des arbres autour en change tous les autres paramètres et, à terme, modifie aussi sa forme et profondeur. Deux effets sont déterminants dans l’écosystème de la mare de forêt.

Dans le paysage forestier, la mare crée souvent une clairière de lumière. Mais il ne faut pas oublier que la plupart des mares plus classiques profitent d’au moins ? de soleil au zénith. C’est rarement le cas pour la mare de forêt, cernée d'arbres. Ainsi, la végétation qu’on y trouve en est modifiée et par conséquent, la faune qui la visite aussi. 

Un autre effet important se déroule une fois par an, c’est la perte des feuilles des arbres dans la mare. Chaque année, une épaisse couche de feuilles s’y dépose, apporte une grosse quantité de matière organique, modifie la chimie de l’eau et comble le fond de la mare d’année en année. Les micro-organismes de la mare n’ont généralement pas le temps de consommer toute cette matière avant l’arrivée de l’automne suivant, laissant s’accumuler le feuillage dans l’eau. On remarque que la mare forestière a souvent une eau très foncée, dû aux tanins libérés par certaines feuilles d’arbres comme l’aulne

Ces deux effets combinés changent totalement les caractéristiques de la mare, son cycle en est changé aussi et on obtient un écosystème essentiel à celui dont il fait partie, l’écosystème de la forêt. 

Malgré son rôle essentiel dans la forêt, la mare forestière est vouée à disparaître rapidement, plus que n’importe quelle autre mare. C’est dû au dépôt de feuilles qui finit inévitablement par la combler, après plusieurs cycles. En fin de compte, la forêt se referme sur la mare et devient une forêt marécageuse. En fonction de sa taille, cela peut prendre plusieurs années à une dizaine d'années. Aux yeux de la biodiversité, la forêt marécageuse est un tout autre écosystème, tout aussi intéressant, mais différent. L’apparition de forêt marécageuse au détriment d’une mare n’est pas forcément une mauvaise chose. 

Entretien


Du fait du risque de comblement de la mare, deux types d’entretien sont nécessaires pour donner à la mare forestière une plus longue espérance de vie. 
Tout d’abord le curage. Le curage étant une méthode assez traumatisante pour la faune et la flore, elle est à faire le moins souvent possible. Si la quantité de feuillage tapissant le fond de la mare chaque année est vraiment excessive, le curage pourra être tous les 5 ans. Pour une petite mare, 5 ans peuvent suffire à la laisser se combler. Il est alors conseillé de surcreuser la mare si le type de sol et l’alimentation en eau le permettent. Pour plus d’informations, lire la fiche “curage”.

Le deuxième entretien est à faire tous les ans, il s’agit de la taille des arbres. Le mieux est de le faire après la mi-juillet, mais avant la perte des feuilles, donc vers octobre. Ainsi, il n’y a pas de risque de perturber la période de reproduction de la faune vivant dans les arbres. Si une roselière est aussi présente sur le plan d’eau, une fauche est aussi à faire tous les 3 ans environ, en fonction de sa taille et de son expansion sur la mare. Le mieux étant de garder ¼ des berges avec une roselière. Le bois mort tombé dans le plan d’eau n’est pas un problème s’il n’y en a pas sur tout le plan d’eau. Dans ce cas, couper une partie des branches surplombant la mare peut limiter le problème. 

Si la mare est totalement cernée d’arbre, il peut être envisageable de couper quelques arbres pour ouvrir une portion de berge à la lumière, idéalement la berge la plus en pente douce pour laisser aux plantes la possibilité de pousser à la lumière. ¼ de berge au soleil au zénith serait un minimum, cela reste à adapter à la mare en question. Pour une mare d’une grande surface, si un arbre tombe dedans, il n’est pas nécessaire de l’enlever. Par contre, si la mare est de petite taille, l’arbre va finir de la combler plus rapidement, il vaut mieux l’enlever. 

Tondre la végétation autour de la mare n’est pas obligatoire, au contraire, de nombreux animaux y vivent et cela n'influence pas le comblement de la mare. 

Si la mare a pour vocation à être visitée par du public régulièrement, il convient de créer un chemin surélevé en bois imputrescible (Chêne, Mélèze, Robinier, etc.) non traité pour éviter que les visiteurs ne s’enfoncent dans le sol et détruisent les berges. Le chemin peut se terminer par un petit pont circulaire s'avançant sur le plan d’eau, agrémenté d’un banc et d’un panneau explicatif du fonctionnement de la mare. Pour plus d’informations, lire la fiche “sécuriser la mare dans un lieu public”. 

Dans le cas où une vieille mare a terminé comblée et couverte par les arbres, il peut être intéressant de créer une autre mare à côté de l’ancien emplacement. Cela permet de créer un point d’eau si la forêt est plutôt une zone sèche. 

Menaces



Les menaces qui pèsent sur les mares forestières sont générales à toutes les mares. Par exemple, la pollution provenant d’un champ agricole en amont ou bien d’une route peut entraîner une eutrophisation accélérée dans un cas ou une intoxication aux hydrocarbures dans l’autre. Cela va impacter la biodiversité ainsi que modifier la qualité physico-chimique de la mare. 

Quelques pressions agissent spécifiquement sur les mares forestières, le comblement est sûrement le plus fréquent. La fin de la vie de la mare est alors signée par les arbres qui poussent directement dedans, accumulant encore plus de feuillages dedans. La mare finit donc totalement asséchée. 

Sur les mares faisant l’objet d’activités cynégétiques, la visite trop fréquente de canards ou ongulés pose problème, car ils ont tendance à consommer tout végétaux poussant sur les berges et leurs déjections eutrophisent très rapidement la mare.

Ces mares de forêt méritent donc tout notre intérêt et un entretien régulier. Ainsi, un corridor de mares forestières peut être conservé pour permettre la libre circulation des amphibiens par exemple, mais aussi des oiseaux en migration.