Les petits plans d’eau sont associés dans notre imaginaire à de véritables havres de paix, des petits coins de nature et de verdure. Mais à la création d’un plan d’eau ou après d’importants travaux, la végétalisation est un véritable challenge.

Faut-il absolument planter ?

L’installation de plantations autour d’un plan d’eau est particulièrement complexe, les erreurs sont vite arrivées et peuvent être lourdes de conséquences. Il est conseillé de laisser faire la nature. En effet, le plan d’eau ne restera pas longtemps sans végétation et les espèces qui s’y implanteront naturellement connaîtront un développement rapide et pérenne, notamment lorsqu’il s’agit de la restauration d’un plan d’eau ou d’une création dans un environnement naturellement humide.

 

Laisser les choses se faire naturellement garantit le développement d’une végétation naturelle composée d’espèces locales parfaitement adaptées aux différentes conditions du plan d’eau (profondeur, taux d’humidité, exposition…). On évite ainsi, non seulement le développement d’espèces exotiques qui peuvent vite devenir envahissantes, mais également les erreurs et le surcoût lié à la plantation d’espèces qui ne se plairont pas forcément là où elles ont été implantées. Permettre le développement d’une flore naturelle favorise l’implantation d’une faune diversifiée qui trouvera le gîte et le couvert dans ces végétations

Entretenir la végétation

En l’absence de gestion de la végétation, celle-ci va s’accumuler au fond du plan d’eau et se décomposer jusqu’à former une couche de vase qui, année après année, va favoriser sa fermeture

 

Pour éviter cette dynamique naturelle, il faut entretenir régulièrement la végétation pour éviter d’avoir à réaliser des travaux trop importants voire couteux. Régulièrement, mais de façon raisonnée et pas trop fréquemment. Par exemple, la tonte de la végétation des berges conduit à un appauvrissement de la faune et à l’érosion des berges

 

Une à deux fauches par an de la végétation des berges suffisent à l’entretenir. Il est possible de délimiter des accès qui seront entretenus de manière plus intensive. Les arbres pourront également faire l’objet d’élagage régulier afin d’éviter qu’ils ne surplombent trop le plan d’eau

Les grands principes


Le choix des espèces végétales et leur répartition peuvent avoir des conséquences sur les capacités d’accueil de la faune ainsi que sur l’entretien qui devra être réalisé au fil des ans

La végétalisation naturelle d’un plan d’eau se fait en fonction du taux d’engorgement du sol. Ainsi, on voit se développer naturellement des ceintures de végétation depuis la surface en eau jusqu’en haut de la berge

A chaque niveau correspond un groupe d’espèces qui s’adapte parfaitement au degré d’humidité. L’implantation de ces espèces trop près ou trop loin de l’eau empêchera leur bon développement. C’est pourquoi la réalisation de plantations sur les berges d’un plan d’eau est souvent très délicate

D’une manière générale, du centre du plan d’eau vers haute de la berge, plusieurs ceintures de végétations se développent :

                - Végétation aquatique : espèces enracinées (Nénuphars, Potamots…) ou flottantes (Lentilles d’eau, Cératophylles)
                - Végétation amphibie (dite hélophytique) : Roseau, Massette, Rubanier…
                - Végétation hygrophile (qui apprécie une forte humidité) : Menthe aquatique, Joncs, Laîches, Salicaire.
                - Végétation mésophile (qui apprécie des conditions d’humidité moyennes) : espèces classiques des prairies, Renoncule rampante, trèfles, graminées…

En complément, des arbres et arbustes peuvent se développer à proximité, voire directement sur la berge. Il s'agit essentiellement de saules (arbres et arbustes), de l’Aulne glutineux et du Frêne. Trop proches de la berge, les arbres de grande taille peuvent arracher la berge en se couchant sur le plan d’eau.
Ils ne sont pas à bannir des abords d’un plan d’eau car ils apportent un peu d’ombre et de fraicheur l’été, les racines peuvent maintenir la berge et proposer le gîte à la faune. Ils ne doivent cependant pas être trop présents car la décomposition des feuilles dans l’eau provoque une accélération de l’envasement rendant plus fréquente la nécessité d’un curage.

En cas de plantation

La règle d’or c’est d’éviter l’implantation d’espèces exotiques qui ne trouveront pas facilement leur place sur le plan d’eau et qui présentent un risque de prolifération dans et autour du plan d’eau. Les espèces locales sont à privilégier. Elles s’adapteront plus facilement et offriront des habitats plus intéressants pour la faune
 
Si le fond du plan d’eau est bâché, des pots ou paniers peuvent être installés sur la bâche. Les espèces présentant de fort rhizomes (Roseau, massette…) sont à proscrire car elles peuvent s’échapper du panier et percer la bâche pour s’implanter dans le sol
 
Les espèces aquatiques doivent être bannies car les espèces vendues sont souvent des espèces exotiques envahissantes. La fréquentation de la faune peut permettre l’installation naturelle d’une flore aquatique adaptée si les conditions et la qualité de l’eau sont au rendez-vous

Quelles espèces ?

Il convient d’essayer d’adapter le plus possible le choix des espèces aux conditions du milieu en limitant la plantation d’arbustes. Ainsi, privilégiez les espèces telles que les roseaux, les massettes et la baldingère pour les espaces régulièrement inondés et les joncs et Carex pour les espaces humides non-inondés.

 

Attention, certaines jardineries proposent encore à la vente des espèces exotiques envahissantes ou, à l’inverse, des espèces protégées dans les Hauts-de-France telles que le trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata)