La mare dont l’usage est le plus connu est probablement la mare d’abreuvement des animaux domestiques. On l’utilisait dans les pâtures pour le cheptel, les bois pour les chevaux de débardage, les champs pour les bœufs qui tiraient la charrue, etc. À l’époque, on se souciait peu de l’état de conservation des mares, l’accès des animaux à la mare était total. La consommation de la végétation, les déjections, le piétinement des berges et du fond de la mare causaient des déséquilibres importants donnant ainsi un milieu dégradé, très favorable aux moustiques et à la prolifération de maladies. Aujourd’hui, on en sait plus sur la gestion et les aménagements à réaliser afin que la mare devienne un outil apprécié des éleveurs.
Grande douve du foie : Fasciola hepatica
Le parasitisme opéré par la Grande douve du foie et par d’autres parasites n’est pas strictement lié aux mares, mais de façon plus générale aux zones humides qui peuvent simplement être des abreuvoirs classiques avec des zones de piétinement. Ce sont donc notamment les zones de piétinement qu’il faut aménager. Empêcher les animaux d’accéder aux zones humides est une bonne prévention et c’est bénéfique à la fois pour les animaux mais également pour les zones humides qui sont à préserver.
Les œufs de ces parasites spécialistes des zones humides sont excrétés par les ruminants. Ils éclosent en milieu aquatique et libèrent une larve qui va utiliser un escargot aquatique comme hôte intermédiaire avant de se fixer sur la végétation aquatique qui sera consommée par les ruminants. Les métacercaires parasitent différents limnés, voire des planorbes. Les douves adultes pondent des œufs dans les canaux biliaires des ruminants qui sont transportés par la bile, puis via le transit intestinal et excrétés vers le milieu extérieur. D’autres animaux comme les cervidés et les ragondins peuvent être porteurs.
La récolte du fourrage dans ces zones humides peut également être évitée car les métacercaires peuvent y persister plusieurs mois.
L’infestation peut se faire toute l’année avec 3 cycles parasitaires : au printemps, en début et en fin d’été/début d’automne, périodes de contamination les plus massives. Les étés pluvieux sont favorables à la limnée et augmentent donc le risque de contamination.
Schéma. Campus de Parasitologie-Mycologie - Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL). http://campus.cerimes.fr
Les aménagements
Des solutions sont envisageables pour concilier l’abreuvement des animaux et la préservation de la mare. L’accès à la mare peut être partiel, à condition que celle-ci ait un niveau d’eau permanent. Protéger l’accès à la mare permet de limiter, l’érosion des berges, l’envasement du plan d’eau et la dégradation physico-chimique et bactériologique de l’eau par les déjections. Il permet également d’éviter certains risques sanitaires pour les animaux.
Contact
De nombreuses techniques sont envisageables, tout dépend du terrain, du budget, du type d’animaux, etc. Les possibilités sont pratiquement infinies ! Pour choisir l’installation la plus adaptée, vous pouvez contacter l’ADREE ou bien la chambre d’agriculture de votre région.
Installation possibles
L'abreuvoir aménagé
En cas de mare en partie clôturée, un abreuvoir est aménagé en bord de berge. Une pente douce évasée avec un pourcentage de pente inférieur à 15% est aménagée et recouverte de pierres concassées (∅ 0-120mm) pour éviter la détérioration de la pente. Le recouvrement est maintenu en bas de pente par une bordure de madriers. Cette pente est délimitée par une barrière bois dont les traverses sont placées assez bas pour empêcher le passage des animaux et assez haut pour leur permettre de boire directement dans la mare. Le bois utilisé est naturellement imputrescible (par exemple le Châtaignier, le Chêne, le Robinier faux-acacia...).
L’abreuvement est ainsi beaucoup plus simple qu’avec une pompe, mais l’aménagement n’est pas adapté à tous les profils de mares. Des travaux de reprofilage des berges peuvent être nécessaires et il est difficile de bien placer l’abreuvoir pour qu’il soit toujours alimenté par l’eau en cas de fluctuation du niveau.
Photo. Site du Val de l'Indre Brenne. http://www.valdelindrebrenne.com
La pompe à museau
Si les berges sont entièrement protégées par une clôture, une pompe à museau peut être installée le long de celle-ci. Le socle doit être fixé dans le sol de façon à ce que les animaux ne puissent le bouger. La pompe est fixée à ce socle et sa crépine est fixée dans l’eau, à mi-hauteur, à l’endroit le plus profond de la mare, grâce à un piquet de maintien. La crépine doit régulièrement être entretenue. Afin d’éviter tout problème de fonctionnement, les végétations arbustives et arborescentes doivent être évitées à proximité de la mare pour limiter l’envasement du plan d’eau. Les alentours de la pompe seront sur-piétinés par le bétail. Ils peuvent être empierrés avec de la pierre concassée pour éviter l’enlisement des animaux. La pompe à museau s’adapte à toutes les mares ayant constamment de l’eau. En revanche, elle ne s’adapte pas à tous les animaux.
L'alimentation gravitaire
Avec un terrain vallonné ou avec une pente, il est possible d’utiliser la gravité pour acheminer l’eau en contrebas. L’eau de votre mare doit être présente toute l’année. Autrement, il est possible de combiner avec d’autres installations pour assurer une eau disponible toute l’année. Pour acheminer l’eau, il faut installer une crépine ou bien un filtre dans la mare pour éviter que les algues ne gênent. Un tuyau en PVC d’environ 40 mm de diamètre permettra un débit suffisamment fort. Il vaut mieux qu’il soit enterré pour éviter qu’il soit percé s’il est piétiné. Le tuyau débouche ensuite dans un abreuvoir disposant d’un trop plein. L’abreuvoir peut être sur une zone empierrée pour éviter les problèmes de piétinement. Cette installation permet donc l’alimentation en eau d’un abreuvoir tant que de l’eau est présente de la mare. La mare est ainsi préservée, il est d’ailleurs conseillé de la clôturer pour protéger la végétation et les berges. La crépine et les abreuvoirs devront être entretenus régulièrement.
Protection des berges
Les berges et leur végétation doivent être protégées, en partie (au moins 3/4 du linéaire) ou en totalité, par un grillage ou une clôture. Cet aménagement doit se situer à une distance minimum de 2,5m du bord de l’eau afin que la végétation puisse jouer pleinement son rôle de fixation des berges, de filtration des eaux et d’habitat pour la faune.