La mare peut avoir pour rôle de ralentir ou de stopper les ruissellements qui se créent lors de fortes pluies et de limiter les surfaces inondées. Dans ce cas-là elle se situe le plus souvent en milieu agricole, en bas de pente et en amont de zones régulièrement perturbées par des coulées de boue, mais peut aussi servir de lieu de stockage des eaux de pluie en sortie de gouttière. 

Ces mares sont souvent ignorées car elles sont rarement aménagées et entretenues, et finissent parfois par disparaître. Pourtant, elles remplissent un rôle essentiel dans nos villes et villages aux sols imperméables. Elles s’avèrent bien souvent plus efficaces que des installations artificielles et onéreuses.

L'emplacement


L’emplacement de la mare est choisi selon la topographie du site et l’emplacement des écoulements. Elle peut être installée en bas d’un chemin, ou en aval d’un réseau de fossés et de drains. Son volume est défini en fonction de l’arrivée d’eau identifiée. 
Des aménagements doivent être installés en amont de la mare pour freiner les sédiments qui proviennent de l’érosion des sols et ainsi diminuer le taux d’envasement de la mare. On peut y placer une large bande enherbée sous une haie ou une fascine. Une crépine peut aussi être installée entre les mares, dans le cheminement de l’eau, elle sera à entretenir régulièrement. Si votre mare tampon se situe en aval d’un fossé, il peut être nécessaire de créer des épis le long du fossé pour ralentir le flux d’eau. Autrement, la mare risque de se remplir trop vite et trop violemment et le dépôt de sédiments n’en sera que plus important.

Caractéristiques générales


Pour qu’une mare accomplisse bien son rôle de mare tampon, il faut qu’elle présente au moins deux niveaux de profondeur. Le premier niveau, au fond de la dépression, conserve les fonctionnalités et les caractéristiques de la mare « classique ». Il accueille la biodiversité, filtre les eaux, stocke les sédiments et apporte une plus-value au paysage. Le second niveau est plus large et sert à réguler les crues ou à stocker les eaux de pluie. En résumé, la mare tampon c’est une mare, de préférence permanente, dans une seconde mare, temporaire.
Le second niveau contient un trop-plein afin de se vidanger et de laisser du volume disponible pour de futures pluies. Ce trop-plein dirige l’eau vers un fossé  ou une zone aménagée pour accueillir l’eau en limitant son impact. Est également aménagée une surverse (échancrure stabilisée dans la berge) qui permet l’évacuation des eaux en cas de dépassement des capacités de stockage et d’évacuation.

 

Exemple

Votre mare

Surface cultivée en amont

(estimée)

10 ha

… ha

Surface imperméabilisée (estimée)

2000 m2

... ha

Volume de la zone tampon

(calculée)

20 x 10 + 5 x 2000 / 100 = 300 m3

20 x + 5 x / 100 = … m3

Profondeur moyenne de la zone tampon

(estimée selon la pente du terrain et la nécessité de pouvoir tout vidanger) 

0,5 m

… m

Surface de la mare (calculée)

300 / 0,5 = 600 m2

/ = … m2


Aménager


La mare tampon n’est pas qu’une insignifiante cuve de rétention. Elle possède un vrai rôle dans l’écosystème ainsi que dans le quotidien des habitants, à condition qu’elle soit bien aménagée. On peut donner plusieurs fonctions à une seule mare.

Végétaliser

D’abord, il ne faut pas hésiter à végétaliser la mare en variant les strates (herbacée, arbustive et arborescente). Les plantes vont permettre l’accueil de la biodiversité et la mare en sera plus belle, mais les plantes vont surtout retenir les boues et éviter que la mare ne déborde en cas d’orage violent. Quelques arbres et arbustes en amont de l'arrivée d’eau ainsi qu’un massif de roseaux ou massettes seront très efficaces.

Entretien

La mare tampon est souvent délaissée et finit par ne plus pouvoir remplir son rôle car elle s’envase. Pour éviter cela, un curage tous les 5 à 10 ans est nécessaire. Il convient de curer une partie de la mare et la fois d’après, curer l’autre partie. Cela laissera le temps à la faune de la mare de s'adapter à ce changement. 
Les mares tampons sont souvent très volumineuses et on ne voit pas forcément que la mare est en train de s’envaser, il convient de rester attentif et  vigilant, ne pas hésiter, par exemple, à fixer  une règle au fond de la mare pour suivre ainsi son évolution de façon plus fiable.
Pour éviter que la mare ne s’envase encore plus vite, une fauche de la végétation des berges est aussi nécessaire. Le rythme de fauche peut être adapté, entre une fois par an à une fois tous les trois ans.

Valoriser

Pour que votre mare trouve sa place dans le quotidien des habitants et qu’elle s’insère bien dans le paysage, quelques aménagements peuvent être ajoutés. Un chemin peut être créé, comprenant éventuellement des sections de caillebotis en bois. Il peut circuler entre les mares et apporter un aspect pédagogique à la mare avec quelques panneaux explicatifs sur le fonctionnement de la mare et sa faune. Un ponton peut également être installé pour faciliter l’observation ou la pratique de la pêche. Un parcours ludique pour les enfants peut être proposé, une zone de jeu aménagée, etc. 
Pour résumer, cette mare tampon a un réel potentiel si elle est bien aménagée. Les espèces animales et végétales y trouveront leur compte et les habitants découvriront un nouvel espace de loisirs. De plus, sa fonction première de rétention des eaux de pluies n’en sera qu’augmenter grâce aux services que nous rend naturellement l’écosystème.

Un réseau de mare


Un réseau de mares tampons est un dispositif plus efficace qui offre à la biodiversité un environnement très accueillant. Au lieu de faire une très grosse mare en bas de versant, on va réaliser plusieurs petites mares qui se succèdent le long de la pente. Elles vont ainsi se déverser les unes dans les autres. La première mare se remplit, déborde et se déverse dans la deuxième mare et ainsi de suite. Entre les mares, on peut aménager le cheminement de l'eau avec de la végétalisation, des structures en peignes pour ralentir le flux et capter la boue de façon à éviter que les mares se comblent. En fin de compte, on obtient un réseau de mares favorables à la biodiversité, très esthétiques et sans danger d’inondation. Dans ce domaine, plusieurs petites mares valent toujours mieux qu'une grande.