La tendance climatique actuelle porte préjudice aux mares et aux zones humides. Depuis quelques années, des sécheresses de plus en plus régulières et prolongées font ressentir leurs effets. Les mares s’assèchent de plus en plus tôt, menaçant le bon développement des espèces faunistiques et floristiques. Les risques sont importants, notamment pour les mares aux substrats naturels et perméables engendrant d’importants travaux de restauration et de reprofilage. Cependant, il existe souvent des alternatives, la première étant de considérer la période d’assèchement de la mare comme un phénomène naturel et non comme un signe de dégradation notamment esthétique.

Curage et reprofilage


En été, si la surface en eau se réduit trop fortement, il est avant tout nécessaire de vérifier le taux d’envasement de la mare. Si celui-ci est trop important, un curage est à réaliser en automne. Attention, de ne pas curer trop profondément car la vase joue son rôle dans le maintien de l’imperméabilité de la mare. Elle conserve l’humidité du substrat en empêchant le contact direct des rayons du soleil. La vase participe également à la lutte contre les fuites en colmatant d’éventuels interstices. On peut maintenir une couche de vase d’au moins 5 cm. Le profil de la mare peut également être retravaillé en recreusant une zone plus profonde au centre de la mare afin que l’eau puisse y stagner pendant la période estivale ou tout au moins jusqu’à la fin de la période de reproduction des amphibiens.

Exposition de la mare


La mare doit toujours être en partie ensoleillée, pour le développement de la végétation et pour obtenir des variations de température sur le plan d’eau. Il n’est toutefois pas nécessaire qu’elle soit entièrement au soleil. La mare ne pouvant être déplacée, une ambiance plus ombragée peut être créée, par exemple grâce à une haie libre implantée au sud/sud-ouest de la mare, dans l’optique d’apporter un peu d’ombre.

La haie ne doit pas être placée trop proche de la mare afin de limiter la chute des feuilles dans l’eau et la détérioration de la berge ou d’une éventuelle bâche lors d’une chute de l’arbre et/ou de la pousse des racines. L’implantation de cette haie aura nécessairement un impact sur la régularité du curage de la mare puisque le taux d’envasement sera accentué.

Attention, certaines essences comme les peupliers, les aulnes et les saules sont très consommatrices d’eau.

Pour une création de mare, ces critères sont à prendre en considération avant implantation.

Diagnostic du problème


Bien souvent, lorsque l’on constate que les niveaux d’eau ont tendance à baisser, le premier réflexe est de penser que la “mare fuit”. Or, cette baisse de niveaux d’eau peut avoir plusieurs causes en fonction notamment du type d’alimentation de la mare. Ainsi, si une mare est essentiellement alimentée par la nappe phréatique, elle ne peut pas “fuir” puisque son alimentation se fait par le dessous. L’imperméabilisation du fond par la pose d’une bâche ou d’une couche d’argile ne ferait qu’aggraver le problème, isolant la mare de sa source principale d’alimentation. 

Lorsque la mare est alimentée par de l’eau pluviale collectée sur la voirie comme c’est notamment souvent le cas des mares communales, il faut se poser la question de savoir si le fonctionnement de cette collecte d’eau n’a pas été modifié par de récents travaux sur la voirie ou le système d’assainissement.
Auquel cas il faudra trouver une nouvelle alimentation en eau. Enfin, de nombreuses mares sont alimentées par l’eau de pluie par le biais de la collecte d’eau de gouttière. Il faut alors mettre en relation le constat de la baisse du niveau de l’eau de la mare avec la pluviométrie récente. En cas de période de sécheresse et d’autant plus lorsque les gouttières ne concernent qu’une surface limitée de toiture, il peut s’agir d’un déficit pluviométrique et la baisse des niveaux ne correspond pas à une fuite.
Il convient donc, dans tous les cas, de réfléchir et de prendre le temps avant d’agir, d’autant que les travaux peuvent être onéreux et contre productifs.

La mare temporaire


La mare temporaire est un habitat à part entière. Si d’un point de vue esthétique elle n’est pas toujours appréciée, elle peut jouer pleinement son rôle d’accueil de la biodiversité. Pour cela, il ne faut pas qu’elle soit à sec avant le mois de juin, notamment pour permettre la reproduction et le développement des espèces faunistiques.

Si la période d’assèchement de la mare s’avance en saison mais reste régulière, la composition floristique de la végétation s’adaptera à ce changement de saisonnalité.


Entretien de la végétation

Une végétation plus dense sur la mare limitera l’évaporation mais augmentera le taux d’envasement et donc la régularité du curage. Toutefois, tant que la mare peut maintenir quelques centimètres d’eau, elle est propice à l’accueil de la biodiversité. Il n’est même pas nécessaire que l’eau soit visible en surface pour que la faune puisse s’y maintenir.

Le cycle d’entretien de la végétation peut être diminué à une fauche tous les 3 ans sur la zone qui n’est plus en eau l’été, et qui servira de zone tampon l’hiver. Par contre, il est pertinent de maintenir une fauche annuelle sur 2m de large autour de la zone qui se maintient en eau (même si cette surface en eau est de 2m²). Cet entretien favorise le développement des herbiers aquatiques qui, par leur présence, limitent les échanges avec l’atmosphère et, par conséquent, l’évaporation.

Augmenter la ressource en eau


Si l’eau vient à manquer dans la mare, il ne faut pas hésiter à multiplier les techniques accessibles d’alimentation. Le plus simple est évidemment la récupération de l’eau de pluie, par exemple en connectant les toitures de proximité à la mare.

Attention, le détournement de fossés ou de cours d’eau est soumis à une réglementation très stricte.

La bâche en dernier recours

La bâche n’est à utiliser qu’en dernier recours, dans la situation d’une fissuration du fond du plan d’eau et si on n’a pas les moyens de retravailler le terrain pour restaurer l’étanchéité du substrat, grâce à l’apport d’argile, par exemple.

L’action des rayons du soleil sur la bâche sombre favorise l’élévation des températures et réchauffe l’eau ce qui provoque une accélération de l’évaporation. Si l’assèchement est lié à la ressource en eau et non à des problèmes de fuite en profondeur, il est préférable de ne pas bâcher et de tenter de chercher à résoudre le problème d’alimentation.