Pour la biodiversité, autant que pour la lutte contre les inondations et le traitement des pollutions, la mare de bord de route est essentielle. Une étude dans le sud de la France a montré une augmentation de 480% du nombre des bassins de rétention urbains et routiers depuis 1944. Une telle augmentation est liée à l’évolution de la réglementation en matière de protection de la ressource en eau. La mare de rétention répond à plusieurs problématiques telles que la pollution des nappes phréatiques et la chute de la biodiversité. Bien qu’ayant un rôle purement pratique, cela ne l’empêche nullement de contribuer à un bon aménagement paysager et à la diversification des habitats naturels. 

Caractéristiques



Le bassin de rétention des eaux de pluie routière, du fait de son rôle très précis, doit posséder plusieurs caractéristiques. Tout d’abord un volume conséquent et une imperméabilisation totale. Ces deux facteurs sont essentiels pour répondre aux trois problématiques du bassin de rétention. Généralement, le volume est surestimé par rapport à la pluviométrie annuelle, afin que même en cas d’orage particulièrement fort ou nombreux, la mare ne déborde pas. Le fond imperméable évite que les produits toxiques ne polluent la nappe phréatique.

Les berges ne doivent pas être trop pentues, tout d’abord pour permettre aux animaux, tels que les hérissons, lézards, etc. d’éviter de se noyer. Cela permet aussi aux diverses strates de végétation de la mare de bien se développer. La végétation doit aussi être suffisamment conséquente pour qu’une première filtration de l’eau soit effectuée. Les roselières sont à favoriser, elles sont réputées pour être des plus efficaces pour épurer l’eau. 

Un exutoire doit être installé avec un regard pour vérifier la qualité de l’eau. Si l’eau n’est pas de suffisamment bonne qualité pour être rejetée dans le milieu, des cuves peuvent servir d’exutoire, le temps de traiter l’eau. 

Un entretien régulier est nécessaire, notamment pour vérifier la qualité de l’eau. Le curage ne doit pas être fait plus souvent qu’une mare normale, il est à effectuer seulement si c’est vraiment nécessaire. Pour une mare de taille conséquente, sans trop d'arbres autour, il est possible d’attendre largement 30 ans.

Rôles


Biodiversité

Les mares de rétention revêtent différentes caractéristiques et deviennent alors des îlots de biodiversité dans un contexte routier souvent néfaste pour le vivant. 

Plusieurs études ont montré que si la diversité animale et végétale des mares de bord de route n’est pas exceptionnelle, les mares ont tout de même le mérite de diversifier le paysage et accueillent donc plus d’espèces que si elles étaient tout simplement absentes du paysage. 

Les espèces pionnières de ce type de milieu sont souvent les oiseaux, puis les libellules et enfin quelques amphibiens. Grossièrement, plus le bassin est ancien, plus sa biodiversité est bonne. Ce phénomène a tendance à se stabiliser après 10 ans.

Les espèces trouvées dans ces mares sont souvent des espèces habituelles de zone urbaine. La diversité animale est principalement influencée par la surface et la variabilité de profondeur, ainsi que le couvert végétal. Dans les mares les plus polluées, on remarque la dominance d’un ou deux taxons et une chute de diversité dans les espèces benthiques. 

La mortalité des animaux sur les routes n’est plus à démontrer, sur ce point aussi, les mares d’autoroute peuvent changer la donne. Les animaux cherchent à traverser les routes car l’environnement dans lequel ils sont ne leur est pas adapté. Durant leur migration, ils rencontrent souvent des voies rapides, signant ainsi la fin de leur migration. L’intérêt de diversifier l’environnement autour des routes devient alors évident. En multipliant les caractéristiques des espaces naturels autour des routes, on favorise une plus grande diversité végétale et faunistique et on offre une plus grande probabilité que les animaux y trouvent leur bonheur. Plus besoin alors d’entreprendre de longs déplacements. 


Lutte contre les inondations

    Généralement, les routes possèdent toutes des fossés pour récupérer l’eau de ruissellement. Malheureusement, en fonction de la topographie et du débit d’eau, ces fossés ne suffisent pas toujours et débordent alors sur la route, créant de fort risques d’accidents. En cas de température en dessous de 0 C°, le risque est d’autant plus accru. La création de mares sur les bas-côtés des routes est souvent une solution efficace. Les fossés sont déviés pour se déverser dans ces mares, qui elles, ont un volume bien plus grand et sont souvent positionnées de façon à ne pas déborder sur les routes. Le risque d’inondation de la route est alors largement évité. 

Le principe est le même dans les villes et villages, traversés par des grosses routes. Pour peu qu’une ville se trouve en position aval, toute l’eau des fossés va se déverser dans la ville et va engorger le système d’égouts, créant ici aussi des inondations. Des mares de rétention sont souvent présentes à l’entrée des villages pour contrer ce problème, en recueillant l’eau des fossés. 


Gestions des résidus toxiques

    De nombreuses études ont été menées pour définir exactement les types de polluants charriés par les eaux de ruissellement autoroutières. Ces polluants proviennent généralement des véhicules, de l’érosion des routes et de la pollution atmosphérique. Périodiquement, on y trouve aussi le sel de déneigement des routes. Voici une liste non exhaustive des produit trouvés : 

  • Métaux lourds : zinc, cuivre, cadmium et plomb,
  • Hydrocarbures, 
  • Azote (sous la forme nitrate et nitrite), 
  • Glyphosate

D’autres études montrent les effets très néfastes de ces produits sur la biodiversité végétale et animale, mais ces phénomènes sont encore mal compris quant aux conséquences de leur présence dans les nappes phréatiques. 

Le bassin de rétention trouve alors toute sa place. Son imperméabilité, générale totale, évite que ces produits se retrouvent dans les nappes phréatiques et donc potentiellement dans notre eau de consommation. 

Après une période de pluie, ces produits se retrouvent dans la mare. Ils sédimentent alors vers le fond et se retrouvent stockés dans les boues. Certains produits pourront réagir entre eux, comme le zinc et le plomb, qui formeront alors des sulfides, inutilisables pour les êtres vivants de la mare. D’autres seront absorbés par les plantes et les microorganismes de la mare. Certains produits changeront simplement de forme en présence d’un pH particulier, ici souvent basique. Le devenir le plus probable de ces produits reste leur simple stockage dans les boues de la mare. L’objectif principal étant qu’ils n’aillent pas tout de suite vers les nappes phréatiques. 

Un entretien et un suivi régulier de ces bassins sont alors mis en place afin de définir si la qualité des boues est tolérable pour qu’elles puissent être épandues ou bien s’il elles nécessitent un traitement spécialisé. 


Mare de bord de route à Cessières-Suzy

 

Intégration paysagère



La mare de bord de route est rarement aménagée pour le public, elle est même parfois plus proche d’une simple cuve que d’une vraie mare. En effet, il est rare qu’elle soit accessible au public. Pourtant de nombreuses mares de bord de route se trouvent à l’entrée de villages et une valorisation de l’espace, même modeste,  permettrait de l’intégrer dans le patrimoine naturel local, au même titre qu’un parc de promenade. Une végétation variée, quelques bancs, voire un ponton, un panneau pédagogique pour expliquer son rôle, voilà des exemples pour valoriser cet espace. Il vaut mieux éviter l’accès à l’eau à l’aide de barrières ou d’un cordon et prévenir des risques de baignade, pour les humains comme les animaux de compagnie. Plus d'informations sur la fiche “Sécuriser la mare publique”.

Vu la grande surface que possède ce type de bassin, certains aménagements sont parfois plus adaptés qu’une simple mare. Par exemple, il est possible de faire une suite de mares, connectées les unes aux autres. Certains projets sont même poussés au-delà, avec des zones humides très étendues, parsemées d’îlots. La route se trouve intégrée dans une grande zone humide, surélevée pour éviter l’inondation et permettre la libre circulation des espèces. 

Références bibliographiques


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Lee PK, Touray JC, Baillif P, Ildefonse JP. 1997. Heavy metal contamination of settling particles in a retention pond along the a-71 motorway in Sologne, France. Science of the total environment. 

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Fiches complémentaires :