La mare de phytoépuration est une mare contenant des plantes dont le but est de filtrer une eau qui est ou qui a été polluée de façon chimique ou organique. Elle se situe souvent en aval d’un réseau de différents bacs et bassins de décantation connectés entre eux et plantés d’espèces semi-aquatiques. Si le réseau est efficace, l’eau de la mare de phytoépuration est de bonne qualité et a un fort potentiel environnemental et l’eau peut regagner son milieu sans danger. 
Au départ, cette technique a été développée pour purifier l’eau d’assainissement d’habitation, petite commune ou usines isolées du système de leur agglomération.

Quelles plantes sont les plus efficaces ?



N’importe quelle plante pouvant vivre en mare peut aider à la phytoépuration. On favorise tout de même les roselières et typhaies en région sèche. La jacinthe d’eau a aussi un fort pouvoir d’épuration en eau libre. Enfin, les plantes immergées sont bien moins efficaces pour nettoyer l’eau. Dans la littérature, on retrouve souvent des plantes comme le rubanier, l’iris des marais, les salicaires, la menthe aquatique...

Le principe


La phytoépuration de l’eau se base sur la capacité de certains microorganismes à dégrader la matière organique et minérale polluante. Quand une eau est polluée, ces microorganismes vont se développer et consommer de l’oxygène de l’eau. C’est là que les plantes sont nécessaires. Durant leur photosynthèse, elles vont relâcher de l’oxygène et offrir un habitat favorable aux bactéries qui vont alors se développer au niveau des racines. De plus, leur réseau racinaire a un rôle de filtre, maintient le substrat et limite l’érosion. Les plantes absorbent aussi une petite partie des polluants de l’eau.

 

Au bout d’un certain temps, les prédateurs naturels des bactéries épuratrices vont se développer et réguler la population. Un petit écosystème épurateur sera ainsi installé.

Différentes techniques


On peut simplement végétaliser sa mare, la simple présence de végétaux va enclencher un écosystème d’épuration naturel. Il existe cependant des techniques plus complexes et plus efficaces, si l’on veut épurer l’eau selon les normes françaises, afin de la rejeter dans un milieu naturel.
Le lagunage : Pour cette technique, il est nécessaire d’installer différents paliers de filtration. Ces paliers sont en fait des bacs étanches, où l’eau en trop-plein va être déversée et filtrée. A la fin de la série de bacs, l’eau pourra être déversée dans une autre mare ou bien dans le milieu naturel. Différentes plantes peuvent être utilisées, comme la jacinthe d’eau, réputée très efficace ou bien l’iris ou le jonc. Il convient de commencer par planter des microphytes puis passer aux macrophytes dans les derniers bassins. Le substrat utilisé sera de la pouzzolane avec du terreau si nécessaire ainsi que du gravier. Ce mélange permettra de filtrer l’eau, accueillir les bactéries et permettre aux plantes de se développer. Il convient aussi de laisser un regard sur l’eau pour s’assurer qu’elle se déverse bien et qu’elle est bien épurée.

La rhizosphère  : L’eau de la mare va être acheminée via un trop-plein vers une rhizosphère de phragmites. L’eau, en traversant la rhizosphère, va être filtrée puis rejetée dans une autre mare ou bien un courant d’eau en aval. Pour ce type d’installation, il est nécessaire d’isoler la rhizosphère dans un contenant imperméable. La profondeur idéale est de 60 cm et d’une taille finale de 2 à 3 m3. Un substrat assez hétérogène sera privilégié. En effet, il permettra à la rhizosphère de bien s’implanter et donnera un substrat suffisamment solide et favorable pour les microorganismes. On peut donc faire un mélange de différents substrats (exclure le sable et le gravier). En hiver, bien que les feuilles se raréfient, le système fonctionne toujours car l’oxygène est capté par les tiges et transporté vers les racines qui continuent leur activité. 

Les aspects réglementaires de la qualité des eaux et de l’épuration des eaux usées


  • Directive européenne du 21 mai 1991 et 27 février 1998 (91/271/CEE), relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, stipule les quantités exactes de phosphore et d’azote acceptable pour rejeter l’eau dans la nature.



  • Directive de 1991 dite « eru » définit quel type d’eau est concerné et dans quelle condition elles sont rejetables dans la nature.
    - Directive Cadre Européenne sur l'Eau du Parlement Européen et du Conseil adoptée le 23 octobre 2000 impose que des politiques communautaires dans le domaine de l'eau respectent certaines règles. Il convient donc de se renseigner auprès de sa commune.

Le cas des mares bâchées



Les plantes ne pouvant pas se développer sur le plastique, il est plus compliqué de faire de la phytoépuration. A ce moment-là, il peut être judicieux d’installer des bacs dont le substrat laissera l’eau pénétrer, sans que ce substrat ne s’échappe dans l’eau. La pouzzolane est un substrat poreux qui peut absorber les polluants et les nutriments et permettre une zone d’échange pour les microorganismes.

Références bibliographiques


Agence de l’eau Seine Normandie. Les traitements des eaux usées par rhizosphère. 

Association Régionales des personnels des SATESE. Manuel du conducteur de station d'épuration - principes de l'épuration des eaux usées. 1998.

CABRIT-LECLERC, Sandrine. Fosse septique, roseaux, bambous?: traiter écologiquement ses eaux usées. Terre vivante, 2008.

DUBOIS, Jean-Jacques. Épuration des eaux usées en lagunage expérimentale à macrophytes: lentilles d'eau, jacinthe d'eau et cresson de fontaine. 1985. Thèse de doctorat.

https://www.jardinsdefrance.org/la-phytoepuration-la-nature-pour-depolluer-les-eaux/ Consulté le 02/09/2020 à 11h23.

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000276647 Consulté le 03/09/2020 à 9h.

PAYEN, André. Pour les communes de Laniscourt et de Molinchart, comment gérer avec efficacité ses eaux usées à moindre coût tout en respectant l'environnement. 1998. Mémoire.