En France, les mares sont majoritairement d’origine anthropique. Elles ont toutes été créées dans des buts précis et si elles persistent aujourd’hui, c’est que l’Homme dépend encore beaucoup d’elles. Parmi les rôles variés qu’elles revêtent, la chasse au gibier d’eau en fait partie. Historiquement, la France est le pays où l’on chasse le plus grand nombre de gibier d’eau en Europe. Les conséquences de cette activité sont multiples et notamment, l’entretien de certaines mares, initialement vouées à la disparition.

La flore


La végétation de la mare va beaucoup influer sur les espèces qui vont la fréquenter. Ainsi, les scirpes, carex, rubanier produisent des graines appréciées par les canards. Les graines et tiges de charas sont consommées par le Fuligule milouin, le Canard siffleur et le Canard colvert. Les cératophylles sont consommés par les canards de surface. Dans cette végétation vivent poissons et invertébrés (mollusques et insectes), source de nourriture pour les oiseaux d’eau comme les bécassines.

La végétation aquatique et amphibie est également utilisée comme lieu de reproduction : Les phragmites peuvent abriter un nombre varié d’espèces. En fonction de la qualité de la roselière, seront présents entre autres le Butor étoilé, la Rousserolle turdoïde, et le Blongios nain. L’Iris faux-acore est utilisé comme couvert pour la nidification de la femelle Foulque macroule. Les plantes sont utilisées comme support de ponte pour les grenouilles, libellules et autres invertébrés qui peuvent être l’alimentation d’autres oiseaux. 

Une coupe de la végétation est souvent nécessaire pour plusieurs raisons. On s’assure ainsi de garder une bonne visibilité et on évite que la mare soit enrichie en matière organique. En effet, une mare avec trop de vase et de nutriments va vite devenir désagréable pour la faune aviaire.

Caractéristiques et entretiens


Qu’est-ce qui différencie la mare de chasse des autres mares ?

La mare de chasse est physiquement très semblable aux autres mares. Moins de deux mètres de profondeur, une surface très variable, d’origine anthropique le plus souvent. On la trouve dans tous les types de zones humides du territoire français. Ce qui en fait une mare de chasse est notamment la petite hutte que l’on peut trouver au bord et d’autres changements passant souvent inaperçus. Le cabanon est généralement en bois et très bas de plafond, avec des fenêtres en fentes horizontales. Une végétation particulière peut aussi être favorisée.

Qu’est-ce qui rend cet espace attractif pour le gibier ?

Une mare ne va pas accueillir les mêmes oiseaux qu’une autre mare 20 mètres plus loin. Par exemple, les Canards colvert, avant de se poser, décrivent de larges cercles dans le ciel. Ils vont choisir une mare avec une surface bien dégagée. 

Les bécassines vont apprécier les platières. Ce sont des structures végétales qui recouvrent en partie l’eau de la berge. Les plantes sont plutôt basses et offrent aux bécassines un abri, un habitat propice à la reproduction et un lieu pour l’alimentation. Seules deux bécassines profitent de ces structures, la Bécassine des marais et la Bécassine sourde. En général, les platières sont aménagées par des chasseurs.

Les chasseurs aménagent d’autres structures pour attirer les gibiers d’eau. Par exemple, des nichoirs flottants sur l’eau vont attirer les anatidés (Canard colvert, Cygne, Fuligule milouin…). Ils trouveront ce lieu accueillant car loin des prédateurs. Certains chasseurs vont agrainer leur mare. Cette pratique est soumise à diverses réglementations définies par des arrêtés municipaux le plus souvent. 

 

La Fédération de Chasse de l’Aisne a notamment comme mission de sauvegarder les mares de chasses et zones humides de la région. Elle rencontre régulièrement des problèmes récurrents concernant l’entretien des mares de chasse. Ce type de problème concerne d’ailleurs la plupart des mares des Hauts-de-France. Selon Stéphane Legros, responsable du service technique sur les espaces protégés et gibier d’eau de la Fédération des Chasseurs de l’Aisne “Les grosses problématiques aujourd’hui c’est les problèmes de curage, il y a de plus en plus de mares qui sont comblées. C’est un vrai souci, en matière d’accueil du gibier d’eau. Il y a tous les marais un peu tourbeux, dans la vallée de la Somme, dans les marais de la Souche, où là, la mare se referme complètement dans une dynamique de boisement ou une dynamique de sédimentation et ça, c’est favorable à une évolution vers le grand gibier plutôt que le gibier d’eau. On a aussi des problèmes de concurrence avec d’autres espèces comme les poissons, les écrevisses… Elles détruisent énormément les herbiers aquatiques, ça fait de la concurrence avec les canards. Gérer ces milieux-là c’est très lourd. C’est très difficilement mécanisable, y a de vrais chantiers, il faut du matériel adapté… […]

Mais il y a aussi une évolution positive que souligne Stéphane Legros.
Il y a des vrais enjeux de milieu [avec les mares]. Si on a encore de la migration dans l’Aisne, c’est parce qu’on a encore quelques milieux qui sont accueillants pour le gibier, comme les grandes vallées parce qu’il y a d’anciennes carrières. Donc même si on a détruit de grandes prairies, on a aussi créé des zones d’accueil du canard. Aujourd’hui on a de l’hivernage qu’on n’avait pas avant, parce qu'il y a ces grands plans d’eau-là.

Références bibliographiques


  • Vallance, M. (2007). Faune sauvage de France : biologie, habitats et gestion. Le gerfaut.
  • Guide de gestion des mares de hutte Fédération des chasseurs du Nord-Pas-De-Calais.

Fiches complémentaires :


La faune


Le but de la mare de chasse étant d’attirer le gibier d’eau, tous les aspects doivent être pris en compte. De nombreux oiseaux d’eau se nourrissent d’invertébrés vivant dans la vase et dans l’eau, voire de petits animaux vertébrés (amphibiens, petits mammifères). Sur ce point, la mare de chasse ne diffère pas des autres mares, elle doit être un environnement équilibré et varié pour attirer tout type de faune. Cela passe par un entretien raisonné et régulier de la mare.