Si le poisson est naturellement très peu présent dans la mare, il est également loin de lui être indispensable. Son introduction peut être appréciée pour la dégustation ou pour le plaisir de pêcher. T
outefois, tous les plans d'eau ne sont pas faits pour la pêche.

Les habitats


La population de poissons souhaitée ne doit pas être un frein au bon état écologique de la mare. L’équilibre d’un petit plan d’eau est facile à déstabiliser, mais il est beaucoup moins simple de retourner une mauvaise situation. Aussi, les principes de base d’une mare idéale et de la mare de pêche doivent être respectés

La fonction d’une partie de la mare doit être définie comme réserve de pêche. Dans cette zone laissée sauvage et délimitée par un grillage ou un filet qui empêche le gros poisson de passer, la végétation va pouvoir se développer, oxygéner le plan d’eau et surtout servir de nurserie aux jeunes poissons et permettre le développement d’amphibiens

Si l’on souhaite remplacer les poissons prélevés par une régénération naturelle du peuplement, la mare devra présenter des habitats de qualité, avec une eau claire, oxygénée, proposant des gîtes et des macro- et micro-invertébrés en quantité

Les espèces


Un équilibre doit exister au sein du peuplement de poissons afin qu’il y ait une autorégulation des populations. On y retrouve donc des poissons herbivores, omnivores et piscivores. Les espèces de carnassier adaptées à la mare sont le Brochet et la Perche commune. Les carpes sont à éviter et en particulier l’Amour blanc. Uniquement herbivores, ces espèces fouisseuses peuvent être hypers sélectives et s’attaquer aux végétations des berges, pour laisser les espèces les plus indésirables coloniser le plan d’eau. La Tanche est à privilégier car elle est beaucoup moins fouisseuse. Une densité de population trop dense de poissons fouisseurs (Carpe, Tanche, Brème) est néfaste pour le plan d’eau (turbidité de l’eau, surpâturage, …). D’autres poissons comme le Gardon et le Rotangle ont une taille et des mœurs bien adaptées à la mare. Ils seront également très appréciés par les oiseaux piscivores ou dans l’assiette en friture.

Certaines espèces sont classées EEE (Espèces Exotiques Envahissantes). L'introduction sur le territoire national, la détention, le transport, le colportage, l'utilisation, l'échange, la mise en vente, la vente ou l'achat de tout spécimen vivant des espèces suivantes est interdite : Perche soleil, Poisson chat, Pseudo-rasbora, Gobie, Carassin, Ecrevisse américaine, de Louisiane et signal.

L’introduction de poissons doit se faire en hiver afin de limiter les chocs osmotiques liés à la température de l’eau et à son éventuelle concentration en matière organique (les poissons d’élevage sont souvent élevés dans une eau fraîche et très oxygénée, très différente de l’eau de la mare en dehors de l’hiver).

Il est fortement conseillé d’introduire progressivement les poissons et d’observer sur de longues périodes les éventuels impacts sur le milieu (tolérance des caractéristiques du milieu, turbidité de l’eau, surpâturage, sur-prédation, …)
 

Cycle biologique des espèces de poissons adaptées à la mare

Fiches complémentaires :


Le prélèvement


maintenir l'équilibre

Le maintien de l’équilibre peuplement/habitat peut nécessiter de prélever du poisson. En théorie, le bon équilibre du peuplement piscicole passe par la présence d’environ 15% de carnassiers (kg) pour une densité de 21kg de poisson par 600m² de surface en eau. La pyramide des âges du peuplement de carnassier doit être équilibrée. La base de la pyramide est composée par de nombreux individus de petites tailles, le sommet par quelques individus de grande taille (voir schéma).

Les carnassiers

Le prélèvement des carnassiers peut se faire selon le principe de la maille inversée (interdit pour le Brochet en dehors des eaux closes et d’une propriété privée), donc en prélevant une partie des individus de petite taille (-50cm pour le Brochet, -20cm pour la Perche) pour laisser les plus gros poissons atteindre une taille favorable à la reproduction

La réussite à la reproduction ne dépend pas uniquement de la taille du poisson, la qualité de l’habitat, très variable, est aussi très importante. Un suivi de l’évolution de la population est donc primordial pour adapter la taille du poisson à prélever. La création et l’entretien de milieux favorables à leur reproduction (frayères, herbiers, …) l’est tout autant. La technique de prélèvement sera donc à adapter à chaque plan d’eau et d’après les objectifs du propriétaire

Le no-kill

La pratique du no-kill dans un plan d’eau a pour conséquence de dérègler la pyramide des âges. On se retrouve donc avec des populations vieillissantes, comportant des individus de plus en plus gros, de moins en moins sensibles à la prédation et qui vont rapidement atteindre et dépasser la capacité d’accueil du milieu.

Pour en savoir plus


article L 441-6 / Le Courrier de l’environnement de l’INRA n°51, février 2004  Les dessous noirs de l'Amour blanc. Raphaël Quesada / Biologie des poissons d’eau douce européens J. BRUSLE, JP QUIGNARD / Aménagement piscicole des eaux douces J.ARRIGNON / Les poissons d’eau douce de France P. KEITH, H. PERSAT, J. ALLARDI / Le guide illustré de l'Écologie B FISCHESSER, MF DUPUIS-TATE